domenica 24 gennaio 2016

GIACINTO PLESCIA Notebook




Notebook là Geulincx, il est vrai, la parole de Dieu ou la Bible est le microscope à l'aide duquel il a appris à mieux regarder, mais son regard étant devenu ainsi plus perspicace, il a pu voir ensuite à l'œil nu, sans le secours d'aucun instrument. 






Il n'en exerça pas moins une grande influence sur ses compatriotes. « Il n'est que trop vrai, dit M. Nève (^), que bien des latinistes de notre pays, et plusieurs de ceux qui ont enseigné après lui à Louvain, ont contracté et même exagéré ses défauts : on trouve chez » dans la raison nous étudions les choses divines, mais prends y bien garde, » non autrement, qu'à l'aide de Dieu lui-même » (p. 127). — Dans tous ses écrits, Geulincx défend hautement l'indépendance complète de la raison « 7iihil est tant magnum, sublime, sanctum quod non aliqua ratione Rationis examini subjiciatur. » (Éthique). — D'autre part, Geulincx distingue nettement la théologie naturelle de la révélation, Annotata majora, § 25. Cf. Éthique. — La connaissance de nous même nous conduira graduellement à l'idée de Dieu. On pourrait aussi citer des analogies chez les deux auteurs. Ainsi Geulincx reproduit, sous une autre forme, les propositions suivantes de Lipse : « La raison vient du ciel et même de Dieu. » [Const., p. 153). — « De même que l'héliotrope » et certaines fleurs se tournent toujours naturellement vers le soleil, ainsi » la raison se tourne vers Dieu qui est son origine. » (Ib., p. I55)- — « Salvien » l'a dit avec autant de rectitude que de piété : La souveraine justice c'est la » volonté de Dieu. » (Ib.,.p. 353). — Mais Juste Lipse n'a fait qu'effleurer toutes ces idées; Geulincx, lui, a scruté profondément les problèmes qui s'y rattachent. (1) PaQUOT (vol. 13) rapporte qu'à sa mort on trouva chez lui 16,000 lettres qui lui avaient été adressées par des savants de tous les pays. (2) Mémoire sur le collège des Trais-Langues, p. 177 [Mém.  Acad. Royale de Belgique, in-40, XXVIII), — 27 — eux sa manière d'écrire toujours compassée, souvent pré- tentieuse, faussement brillante, énigmatique et obscure même. » On ne peut pourtant pas lui refuser un èt;'rtain mé- rite. Parlant de l'action que Puteanus eut sur son siècle, M"" de Reiffenberg (') fait cette remarque : « Quoiqu'il n'ait laissé qu'une foule d'écrits souvent médiocres, et qu'il ait essentiellement manqué de goût et de profondeur, il n'en a pas moins étonné ses contemporains, qui, frappés de ses évolutions continuelles, se sont surfait sa valeur littéraire. On peut dire aussi avec justice qu'il fut un de ceux qui contribuèrent le plus puissamment à retarder parmi nous la décadence des lettres , et ce sommeil de plomb qui devait suivre nos formidables commotions politiques et religieuses. » Ajoutons que Puteanus était un homme de cœur : il s'in- téressait tout particulièrement aux jeunes gens qui fréquen- taient les collèges de la faculté des arts, et les encourageait dans leurs études littéraires avec la plus vive sollicitude. Il n'est donc pas étonnant que Geulincx, — qui à cette époque suivait les cours de l'université, — place Puteanus à côté d'Erasme et de Juste Lipse. Il peut même avoir subi sous certains rapports son influence, car c'est à des maîtres érudits et pédants tels que Puteanus que notre auteur doit sans doute le manque de goût dont on trouve des traces dans ses qucestiones, l'œuvre de sa jeunesse. Pour connaître tous les courants d'idées de ce temps, nous devons encore nous occuper ici du jansénisme, du cartésianisme et de la doctrine de Van Helmont, (l) Correspondance (TEryciiis Puteanus de 1600 à 1646. {Bull. Acad., t. VIII, p. 12). 28 — V. Le célèbre médecin bruxellois Van Helmont (1577-1644) vécut en dehors de l'université. Son nom appartient néan- moins à l'histoire de VAlma mater, parce que il fut exposé aux rigueurs de la faculté de théologie, qui dénonça plusieurs de ses propositions comme hérétiques et blasphématoires ('). Van Helmont procède de Paracelse et de Robert Fludd; ses spéculations se rattachent par conséquent aux idées Alexandrines et Kabbalistiques qui se firent jour à l'époque de la Renaissance. — Convaincu de l'inanité des méthodes basées sur la logique abstraite et le raisonnement, il avait recours à l'intuition tout en faisant le plus grand cas de l'expérience. Pour lui l'observation fait connaître les phéno- mènes, les effets extérieurs, mais l'essence intime des choses ne peut être atteinte que par une illumination intérieure que nous obtenons par l'étude de l'Ecriture et par la contemplation (-). Geulincx repousse formellement cette méthode quand il dit : Perversi et stolidi hommes illi, qui Rationem rejicere, ant ci anteferre aliquid, velut Experientiam, Auctoritatem , Enthousiasmitm. — Tibi igitur, ô homo, primiim est Ratio (^). Le système de Van Helmont, pas plus que sa méthode, n'a d'importance ici. Néanmoins il n'est pas sans intérêt de remarquer que les écrits de Thomas à Kempis et du (i) Le dr Broeckx a publié des documents inédits empruntés au dossier de Van Helmont reposant à l'archevêché de Malines (Causa Hcîmontii), dans les Ann. de Vacad. d'archéologie de Belg., 1851 et 1852. {2) Cf. Franck, Dict. des sciences phil. — A. Leroy. Biogr. nat., article Van Helmont, et toutes les sources qui y sont citées. (3) Çtiaestiones, édit. de 1665, p. 40. — 29 — mystique Jean Tauler avaient eu une influence décisive sur l'esprit de Van Helmont, qu'il avait cherché à imiter l'humilité de Jésus-Christ et que l'abnégation de lui-même le conduisit à la contemplation et aux visions" mystiques. Geulincx, lui aussi, est jusqu'à un certain point enclin au quiétisme, bien qu'il insiste énergiquement sur les obli- gations qui incombent à l'homme ; et sa morale porte une teinte de mysticisme religieux, en harmonie d'ailleurs avec ses idées sur le rôle de l'homme. D'autre part. Van Helmont n'est pas sans analogies avec Descartes ('). Avant de construire un système, il avait douté de la certitude des sciences qui lui avait été enseignées. Il méprisait l'autorité des anciens et avait combattu comme Descartes les procédés de l'école (^). Mieux que tout autre il a montré l'insul^sance des doctrines issues de la méthode a priori péripatéticienne qui était en honneur de son temps (^). Il se distingue cependant profondément du philosophe fran- çais, en ce sens que Descartes est « mécaniste », tandis que lui, Van Helmont, est l'un des introducteurs de l'idée de force dans la science. A certains égards donc on peut le rapprocher de Leibniz (^). (i) Sprengel, Hist. de la médech^e, (t. V, p. 51), a rapproché la théorie des tourbillons du système des ferments de Van Helmont. Cf. Broeckx, Essai sur l'histoire de la médecine belge, p. 84. — A. Leroy, La philosophie au pays de Liège, p. 42, note 2. (2) Le dr Rommelaere remarque que les théories médicales de Van Helmont sont l'application des principes de Descartes. [Études sur JB Van Helmont). (3) Chevreul, Journal des savants, Paris, 1850, p. 75. (4) Les œuvres de Van Helmont furent publiées , en 1648, par son fils François-Mercure Van Helmont. Chez ce dernier le mysticisme se transforme complètement en panthéisme. Il s'appelle lui-même : philosophns per nnum in qiio omnia. _ 30 ~ VI. Plusieurs auteurs fixent au milieu du XVIP siècle, le commencement de l'état d'assoupissement et d'inertie qui frappe pour toujours l'enseignement de Louvain. Une certaine vie s'y manifeste cependant à propos du jansénisme et du cartésianisme. C'est en 1640, deux années après la mort de l'auteur, que parut à Louvain V Augustinus de Jansenius, qui devait avoir un si immense retentissement parmi les théologiens de toute l'Europe, Au sein de l'université, cet ouvrage trouva immédiatement des défenseurs et même après qu'il eut été mis à l'index, en 1642. — Pendant de longues années, on peut suivre dans Itsacta manuscrits de l'université, les nombreuses correspondances qui furent échangées à ce sujet avec l'in- ternonce de Bruxelles. 'L'Aima mater fit preuve, en cette circonstance, au commencement du moins, d'une certaine indépendance et défendit la mémoire de l'évêque d'Ypres qui y avait été élève et professeur ('). En agissant ainsi, l'université songeait avant tout à sauvegarder ses privilèges; elle n'entendait pas défendre (i) Dans les acta manuscrits le nom de Jansenius est cité avec une certaine déférence pendant les premières années. Les rubriques portent : Doctrina ou Negotium Reverendissimi D. Jansenii. Voici un extrait des actes généraux de l'université (p. 617), mars 1646, année de la nomination de Geulincx : Eodem indicta et servata est dominorum depîttatoncm congregatio extraordiuaria, in qua Magnificus Dominus proposuit qttod facilitas artiur.i petat ut convocetur nniversitas, eique proponattir an placeat et an absolnte exhibere obcdientiam sumnio pontifiai, quoad bullam de et super Augustino i^mi domini Jansenii, episcopi Yprensis dutn viveret, aut alias suggerere médium aliqitod, quo possit apud sanctam sedem obtineri ratificatio seu renovatio privilegiontm nniversitatis et fa- cultatis artium. Ex deliberationibus dominorum, conclusit Magnificus Rector, ne- gotium illud référendum esse ad universitatcm. — Suit une lettre de l'internonce. — 31 — un hérétique. Jansenius, en effet, comme il ressort des ren- seignements nouveaux publiés par M"^ Van den Peereboom (') n'avait jamais eu l'intention de se mettre en opposition directe avec le Saint-Siège et de se poser en rhef de secte. « Le docteur de Louvain, dit cet écrivain, appartenait peut- être, comme du reste beaucoup d'autres ecclésiastiques distin- gués, à cette fraction plus ou moins nombreuse de théologiens qui professaient déjà certaines idées, improuvées, puis con- damnées, — mais plus tard seulement — par le Saint-Siège, et les controverses sur ce terrain engendraient alors entre les défenseurs de diverses doctrines théologiques des anti- pathies, même des haines ardentes. Mais il est impossible d'admettre, avec des auteurs, que Jansenius fut dès lors (en 1635, quand il fut nommé à l'évêché d'Ypres par le roi d'Espagne) le chef reconnu d'une secte hostile à l'église; aucun des cinq ouvrages publiés par lui, avant 1635, n'avait été censuré par Rome. » L'ouvrage de Af Van den Peere- boom prouve que ce chroniqueur yprois était dans le vrai, qui avait dit : si Jansenius avait vécu après la condamnation de son livre par le pape, « Jansenius n'eût pas été jansé- niste. » Quoiqu'il en soit, V Augustinus faisait revivre le Baïanisme sous certains rapports, et la querelle janséniste, commencée à Louvain peu avant la nomination de Geulincx, continua entre professeurs pendant presque tout le temps qu'il séjourna dans cette ville. Ajoutons que ce fut la faculté des arts qui la première prit la défense de Jansenius. Geulincx a donc dû nécessairement être mêlé, au moins indirectement, à ces controverses, bien que nous n'ayons trouvé son nom dans aucun des nombreux documents relatifs à cette question, (i) Ypriana, t.  VI. Monographie sur Jansenius, p. 22 (1882). — 32 — qui sont conservés aux archives du Royaume et à la biblio- thèque royale de Bruxelles. En tout cas, la « peste janséniste » a influé sur sa doc- trine et semble n'avoir pas été étrangère à sa conversion au calvinisme ('). Le jansénisme diffère du calvinisme en ce qu'il n'est nullement imbu de l'esprit sectaire protestant. Les jansé- nistes, comme les baïanistes, leurs prédécesseurs, se sont toujours considérés comme catholiques romains au même titre que leurs adversaires. Baius se rétracte plutôt que de se séparer de l'église; Jansenius, dans son Augustimts, est plein de respect pour le Saint-Siège. Mais les calvinistes et les jansénistes ne sont séparés que par une nuance assez faible dans la question capitale de la liberté humaine. Calvin était franchement déterministe. Le salut est impossible sans le secours de la grâce. Pour Jansenius l'homme fait invinciblement, quoique volontaire- ment, le bien ou le mal, selon qu'il est dominé par la grâce ou la cupidité (^). D'autre part, les deux doctrines ont des points de contact évidents sur le terrain de la morale. L'une et l'autre sont caractérisées par un rigorisme et une austérité remarquables, et qui résultent de leurs prémisses mêmes. Le calvinisme, comme le protestantisme en général, a commencé par une énergique protestation contre les abus qui s'étaient glissés dans la religion chrétienne. Les jansénistes, eux, provo- quèrent un immense mouvement de réprobation contre les subtilités de la morale casuistique mise en vogue par les (i) Malebranche découvrait dans VAiigiistinus la doctrine de Calvin. — Le P. Deschamps {De haercsi Janseniaiia) s'est attaché à démontrer que Jansenius avait puisé des erreurs dans les écrits protestants. (2) Pluquet, Dict. des hérésies. — 33 — jésuites et si énergiquement combattues par l'auteur des Provinciales. Mais les jésuites avaient le mérite de revendiquer pour l'homme le libre arbitre ; les jansénistes et les calvinistes nous mènent à la sombre théorie de la grâce et de la prédestination. Par sa théorie des causes occasionnelles Geulincx est près de ces derniers. L'occasionnalisme en effet, tout comme le système de l'harmonie préétablie, doit sacrifier la liberté humaine. Dieu fait tout en nous : nous lui obéissons nécessairement. VIL Geulincx était professeur depuis plusieurs années, quand parut à Louvain la première censure du cartésianisme (1652). Presque tous les auteurs placent vers l'année 1650 l'introduction de cette doctrine à l'université de Louvain. Mais Descartes y était déjà connu depuis 1638, par ses rapports avec le docteur Plempius au sujet de la circulation du sang. Plempius, né à Amsterdam en 1601, pratiquait la médecine dans sa ville natale, lorsque l'archiduchesse Isabelle lui fit offrir une chaire à l'université brabançonne (1633) ('). A Amsterdam, il avait fait la connaissance de Descartes et s'était lié d'amitié avec lui; plus tard il le revit encore dans un voyage qu'il fit à Haarlem. En 1638, il y eut entre eux une correspondance au sujet de la découverte de (i) Notice sur Vopiscits Forluiiatiis Plempius, par Haan. [Annuaire de Vuniv. cathol. de Louvain, 1845). — 34 — Harvey que Plemjpius attaquait et qui avait trouvé en Descartes un chaleureux défenseur (^). Mais cette discussion, fort courtoise d'ailleurs, et dans laquelle Descartes est traité avec beaucoup d'égards, ne porta que sur des questions de médecine. Ce fut en 1648, que quelques audacieux cherchèrent à substituer à Louvain la philosophie de Descartes à celle d'Aristote. Plempius nous l'apprend dans une lettre qu'il adressa à ses collègues, le 21 décembre 1652 C). Malgré l'amitié qu'il avait ressentie pour Descartes, il y jette un cri d'alarme contre sa philosophie, qu'il prétend être la réédification du système de Démocrite, détruit de fond en comble par Aristote depuis tant de siècles! Il se console en pensant que la forteresse aristotélicienne, en dépit des assauts de Ramus, de Campanella, de Gassendi et de tant d'autres, est toujours debout, tandis que ses ennemis sont anéantis. Plusieurs universités de la Hollande ont condamné la philosophie nouvelle ; laissera-t-on ex- pulser Aristote de cette célèbre académie qui s'est toujours glorifiée d'être péripatéticienne? La doctrine de Descartes est aussi pernicieuse aux jeunes gens qu'à la chose publique. Elle rend inapte à comprendre les autres sciences. Enfin, elle est nuisible à la santé, et Descartes serait devenu plus vieux, s'il s'était dispensé de mettre ses théories en pratique. Il prédit à ses collègues que, grâce à la philosophie d'Aris

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